Face à l’évolution fulgurante des technologies et des réseaux sociaux, le système éducatif se voit dans l’obligation de s’adapter à un monde où l’intelligence artificielle prend de plus en plus de place. Sans une révision complète des programmes scolaires, une génération entière risque de se retrouver déconnectée des réalités de ce monde en transformation, a affirmé mercredi la présidente du Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS), Rahma Bourqia.
« Aujourd’hui, plus que jamais, l’heure est à une prise de conscience historique, en vertu de laquelle l’ensemble des acteurs du système d’éducation et de formation doivent se mobiliser en faveur de l’amélioration de notre système éducatif », a indiqué Bourqia lors de l’ouverture mercredi des travaux de la session de l’Assemblée Générale du CSEFRS, mettant en lumière le rôle vital que joue l’éducation dans la manière dont les générations actuelles seront en mesure de construire l’avenir du pays.
Dans son allocution, la présidente du CSEFRS a souligné les paradoxes existants au sein du système éducatif marocain. D’une part, elle a constaté que le système produit des diplômés dotés d’un niveau comparable aux meilleurs systèmes éducatifs internationaux. « Il permet à certains titulaires du baccalauréat d’intégrer les universités et les grandes écoles les plus prestigieuses au monde », a-t-elle noté, tout en reconnaissant également que les chercheurs marocains se distinguent sur la scène mondiale.
Cependant, elle a rappelé que le phénomène du redoublement et le décrochage scolaire touchent désormais de nombreux élèves qui ne parviennent pas à achever leur parcours éducatif. Elle a averti que ces abandons contribuent à alimenter l’analphabétisme et la pauvreté, freinent la mobilité sociale, et soulignent l’importance de réformer en profondeur le système éducatif afin de remédier à ces inégalités.
« Cette réalité nous impose d’identifier les manifestations du décrochage scolaire… Nous savons que le ministère de tutelle s’attèle à résoudre cette problématique », a précisé Bourqia, mettant en avant les initiatives en cours telles que l’expérience pilote des écoles pionnières.
Pour la présidente du CSEFRS, la réforme ne peut plus être retardée. « Le temps de la réforme est désormais épuisé et la notion même de réforme tend à perdre de sa signification », a-t-elle soutenu. Elle a ainsi incité les acteurs à adopter un modèle éducatif innovant qui s’adapte aux défis contemporains.
Parmi ces défis, l’évolution rapide des technologies et des médias sociaux a été mise en avant. La responsable a en ce sens insisté sur l’importance d’inculquer une éducation numérique, essentielle pour préparer les jeunes à naviguer dans un monde où l’intelligence artificielle et le numérique jouent un rôle prépondérant.
« Nous assistons à une transformation majeure liée à l’impact des médias sociaux sur les capacités de réflexion d’une génération », a-t-elle déclaré, soulignant la nécessité d’intégrer l’éducation à la résilience numérique dans les programmes scolaires. Elle a signalé que si le système éducatif ne suit pas, une génération entière risque de se retrouver déconnectée des réalités de ce monde en mutation.
« Il n’est plus possible d’éduquer une génération avec les contenus, les outils et les curricula d’un autre temps, car cette génération vit dans un présent défié par l’avenir. De même, il n’est pas possible de traiter l’éducation d’une génération entière, immergée dans l’univers des réseaux sociaux, à travers des savoirs et des programmes qui ignorent que la navigation sur les plateformes numériques ne leur fournit pas, à elle seule, les clés pour agir de manière éclairée. Ces clés ne peuvent être acquises qu’à l’école et à l’université », a-t-elle ajouté. Pour ce, une révision complète du cadre éducatif est nécessaire pour s’assurer qu’il réponde aux besoins d’une jeunesse immergée dans l’univers digital, a poursuivi la responsable.
Le défi pour le CSEFRS et pour les institutions scolaires sera de s’assurer que les réformes éducatives intègrent non seulement des aspects techniques, mais également une profonde révolution culturelle numérique.
« Il est devenu impératif de comprendre que l’éducation repose désormais sur une nouvelle culture, fondée sur la reconnaissance d’une crise profonde de l’éducation et du savoir, noyés dans le flot d’ignorance charrié par les réseaux sociaux dans l’espace numérique. Cette crise s’aggrave dans les sociétés où le système éducatif peine à mener à bien les réformes nécessaires pour s’adapter à une réalité en mutation rapide, dont la vitesse dépasse l’impact même de ces réformes », a fait savoir Bourqia.
Et de conclure : « Je sais que le Conseil dispose de hautes compétences, je parle ici des membres et des cadres de son administration. Il nous revient de mobiliser pleinement cette expertise et cette intelligence collective pour formuler des idées innovantes, qui permettront au Conseil d’exercer pleinement son rôle de suivi et d’accompagnement du système national d’éducation, de formation et de recherche scientifique, conformément à son statut constitutionnel ».
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