Nous semblons redécouvrir que l’Ukraine était non seulement le grenier à blé de l’Europe mais aussi un grenier à minerais stratégiques. Pourquoi, cette question « Morts pour des métaux stratégiques ? » fait froid dans le dos ? Quant aux vraies règles du jeu mondial « rules of games », elles sont souvent connues par les plus initiés…

Pourquoi, cette annonce fait froid dans le dos ? Car, c’est sur la bête encore fumante de centaines de milliers de morts et de blessés d’une guerre forcément inutile (et qui se poursuit) que les grandes puissances, les premières, commencent à négocier. Chacun trouvera toujours une légitimité à justifier ses choix comme se faire rembourser (avec même l’application de taux d’intérêts) sa contribution à l’effort de guerre …
Quant aux vraies règles du jeu mondial « rules of games », elles sont souvent connues par les plus initiés. Concernant, ces fameux intérêts, bien sûr, la « balance of interest » affirme avec justesse l’hétérogénéité idéologique du système international. On évoque souvent des intérêts identitaires, religieux, historiques (…) très différents qui justifieraient les moyens (les rapports de force ) …
On retrouve là, toute la guerre des mots, de l’information, mais derrière cette guerre des mots il y a de vrais morts. Les intérêts sous-jacents sont souvent ailleurs et plus simples : c’est le primat des intérêts économiques. Il y en a un que nous semblons redécouvrir à chaque guerre : l’intérêt de l’exploitation des ressources agricoles et minières … chez les autres.
On devrait recommander en tout premier lieu la lecture du remarquable livre (peu connu) du docteur en science politique Apoli Bertrand Kameni intitulé « Minerais stratégiques, Enjeux africains ». Il pointe du doigt combien derrière « la façade ethnico-culturelle trop souvent privilégiée pour expliquer et justifier des conflits se cachent des enjeux industriels majeurs » liés à nos choix politiques de société, à nos choix citoyens. Il donne notamment l’exemple de réglementations environnementales européennes aboutissant à des choix technologiques et donc au développement de ce qu’il qualifie de « minérotropismes conflictogènes » pour s’approvisionner en matière première minérale nécessaire à la fabrication de nouvelles technologies. Dans son livre, il multiplie les exemples en Afrique (…) aujourd’hui, « ce minérotropisme conflictogène » est aux portes de l’Europe.
Longtemps, l’Ukraine a été un des principaux producteurs de ce métal précieux vendu à la Russie, (80 % des approvisionnements russes), permettant ainsi à la Russie à côté de la Chine d’être le principal exportateur mondial de ce métal (50 %), avec un savoir-faire et une qualité titane russe de niveau aérospatiale, prisés des entreprises européennes et américaines.
Mais, depuis des années, les responsables américains craignaient que le marché mondial du titane ne soit que trop tributaire de la Russie et la Chine. Il en est aujourd’hui de même des Européens qui cherchent à reconquérir leur souveraineté en matière de sécurisation de leur approvisionnement en ces métaux devenus critiques. Les lignes certes bougent dans le sens des intérêts de chacun qui pour le coup convergent peut-être, dommage qu’il est fallu en passer par une guerre et des morts (et d’autres à venir) pour aller vers ce premier compromis

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